Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 19 avril 2010

Printâneries

Le nuage de cendres n'a pas épargné le Caveau de la République ; matinée inoubliable hier dimanche ; cauchemardesque voire.
Insensiblement, au fil des 10 dernières années, la moyenne d'âge du public a baissé, sans doute par la grâce d'une programmation plus audacieuse.
Ça ne fait pas l'affaire de tout le monde, notamment des spectateurs de cette représentation calamiteuse où le plus jeune spectateur devait être âgé de soixante-cinq ans bien sonnés.
Ici, un vieux monsieur a quelques problèmes de règlage de sonotone, là, une groupe de mamies discute et parle aux artistes comme si elles regardaient Derrick à la télévision.
Pour Perrin et Fromet, ce ne sont plus des rires qui ponctuent le discours, mais des "oh" d'indignation.
Le décalage entre le spectacle et son public est impressionnant, l'humour ayant quelque peu évolué depuis les années 60.
J'abrège mes interventions, les saluts des artistes, les début et fin de partie, pour tenter d'impulser un rythme différent au spectacle.
Après l'entracte, le duo Devals & Gaudin, dont l'un des sketches est joué en langue anglaise approximative se heurte à une incompréhension totale de spectateurs donnant l'impression qu'ils regardent évoluer un couple de martiens.
Même Gilles Détroit, aux thèmes plus consensuels, ne recueille qu'une petite moitié de son succès habituel.
Dehors, le temps est au beau fixe, de ceux qui vous emmènent aux jardins du Luxembourg ou à ceux du musée Rodin un livre sous le bras.
On se dit : qu'est ce qu'on fout là ?

Je n'aime pas les corbeaux, ces volatiles en deuil perpétuel qui font résonner leur croassement lugubre dans le ciel montmartrois dès les premiers jours du printemps.
Peut-être ai-je en tête les paroles du "chant des partisans" de Kosma et Druon et vois-je en eux la survivance d'heures sombres de l'histoire ?
Je préfère ces merles qui, parfois, se perchent sur la rambarde de mon balcon.
J'aime à les observer, évitant le moindre mouvement brusque de nature à précipiter leur envol.
Les pigeons parisiens que quelques imbéciles auxquels on s'évertue à expliquer que le geste est propice à une néfaste prolifération s'évertuent à nourrir contre vents et marées, c'est autre chose ; l'acte irresponsable est devenu strictement interdit sur la Place St Marc, Venise ayant à combattre les effets nocifs de leurs déjections sur les édifices multi-centenaires de la Cité des Doges.
J'ai quant à moi trouvé le "truc" pour les éloigner de mon balcon, où ils piétinaient allègrement mes jardinières, en accrochant au mur un simple CD dont les miroitements leur font l'effet qu'une croix et quelques gousses d'ail provoquent chez les vampires.
Pour l'heure, les pigeons évitent d'approcher et je n'ai pas eu, jusqu'à présent, à combattre d'arrivée massive de vampires.

Quand on est un "jeune", on cherche en permanence à lancer des modes plus ou moins bien venues.
J'ai déjà écrit ici sur ceux qui imposent, par ipod ou autre interposés, une "muzak" sursaturée à leurs voisins de métropolitain.
La nouvelle tendance hyper-mega-over-in, vient de toutes jeunes filles qui se déplacent dans le métro, le vendredi et le samedi soir, bouteilles de vin circulant au sein des groupes en transhumance.
Ca doit être hyper-cool d'arriver en soirée déjà bourrée.
J'en observais un troupeau samedi dernier en rentrant du théâtre : cette "mode" n'atteint apparemment pas les beurettes et les blackettes (celles-ci préférant faire éructer leurs téléphones, voir plus haut) ; non, les nanas qui se déplacent en picolant semblent issues d"une bourgeoisie "bien de chez nous" et restent très "trendy" à l'aller.
Au retour, ça doit valoir son pesant de vomi.

Le dimanche soir je fais rarement la cuisine.
Hier, en compagnie d'un ami, je remontais la rue du Mont Cenis pour me rendre à un restaurant qui se trouve à la frontière de deux mondes, là où la rue Custine devient (c'est plus chic) la rue Caulaincourt.
Découvrant la jeunesse dite "bobo" attablée chez Francis de la Butte ou au Café Francoeur, mon jeune camarade décréta aussitôt : "on se croirait dans un film de Christophe Honoré !".
J'aime.


Comme dans un film de Christophe Honoré

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