Bien sûr, en redondante vieille lune pour qui s'est habitué à me lire, j'entonne à nouveau mon refrain "pourquoi un titre anglophone quand la traduction en français est évidente ?".
Ce snobisme ou plutôt cette arme de marketing m'irrite au plus haut point, surtout dans ce pays connu pour sa faiblesse en matière de pratique des langues étrangères.
Passons.
"L'ennemi public" (titre original "Public enemies", j'en pouffe !) est un film de Michael Mann avec Johnny Depp, Christian Bale, et Marion Cotillard dont le succès pour "La môme" semble avoir eu d'heureuses conséquences sur sa carrière américaine.
Mann est un réalisateur de films d'action intelligents (ça existe) auquel on doit notamment Collatéral et Heat qui n'ont pas non plus de titre français et pardon pour l'accent aigu gaulois sur le "e" du premier, mais je m'égare encore.
On me disait encore hier après-midi : "tu vas adorer ou détester".
L'avant-veille j'avais eu droit à une critique argumentée de la part d'un jeune cinéphile qui se plaçait résolument sous l'angle de la facture cinématographique.
Oui, beaucoup de gros plans, mon ami, et des armes qui crachent un feu de cinéma à vous décoller la rétine ; mais aussi un scénario parfaitement maîtrisé, des acteurs d'exception et une mise en scène "au rasoir" (dont un travelling arrière mémorable sur une rue grouillante qui n'est pas sans rappeler "Il était une fois en amérique" de S. Leone) et une exceptionnelle photographie.
Passionnant de bout en bout, chassant certes sur les terres d'illustres prédécesseurs (on pense au vrai "Scarface", celui d'Howard Hawks), cet "ennemi public" conte l'histoire d'un brigand bien-aimé à la Jesse James, dont le fait de laisser leur argent aux déposants lors de chaque holdup fit un héros populaire.
L'histoire d'amour sous-jacente donne au film de Mann une couleur romantique jamais surexploitée, crédible d'autant plus que Marion Cotillard est excellente dans le rôle de Billie Frechette, maîtresse passionnée du gangster le plus recherché d'Amérique.
Christian Bale, lui, continue une carrière sans erreur en Melvin Pulvis, "fédéral" acharné à la capture d'un Dillinger auquel Johnny Depp prête ses traits... quasiment méconnaissables tant l'acteur habite son personnage : immense comédien "de composition" comme on disait autrefois, Depp crève un fois de plus l'écran à mille lieues du pirate Jack Sparrow de réjouissante mémoire.
Etrangement touché par la grâce, violent et tendre à la fois, en fureur de vivre affirmée, cet "ennemi public" est tout simplement un très grand film.
2 commentaires:
ca veut pas plutot dire "les ennemis publics" ?
Peut-être, voire sans doute ; le fond du sujet ?
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