Arditi Pierre, comédien, clamait ici et là (et de préférence devant micros et caméras), il y a peu, que non, il n'était pas "sarkozyste", mais que (l'âge venant, on devient "raisonnable", et donc, de moins en moins "de gauche", hein ?!), bon, quand même, enfin, faut pas être manichéen et "diaboliser" Sarkozy.
C'est fou ce que ce verbe "diaboliser" peut être propre à tous les usages : il fut un temps où, quand on entendait ce "diaboliser"-là, on pensait immanquablement à Le Pen.
Et bien, moi, Monsieur Arditi, je n'y puis rien, j'ai beau vieillir chaque jour un peu plus, assistant déconfit, désemparé, à la déliquescence du seul parti, le mien (!), capable d'assurer une alternance démocratique dans ce pays, j'ai beau faire partie d'une gauche "caviar d'aubergine", je ne me résigne pas, la résignation étant la pire des attitudes face à cette espèce de rouleau compresseur médiatique qui n'existe que par la "comm", cette "comm" de merde qui régit, la pervertissant "diaboliquement", la vie publique.
Pour moi donc, ce petit monsieur (et je ne dis pas cela au sens physique du terme) est le diable, un diviseur de première, un paltoquet, un vaniteux, un inculte, un despote à la petite semaine, la vulgarité personnifiée, et j'en oublie.
Chaque jour qui passe m'apporte son lot de dégradations des valeurs d'une République que l'on s'acharne à vider de son contenu, en bafouant les principes-même d'union des citoyens autour de la devise "Liberté, Egalité, Fraternité".
Hier, m'apprêtant à regarder le journal de la mi-journée sur France 2 (service public encore un peu) j'assistai, à l'heure où, d'ordinaire, sourire aux lèvres, Elise Lucet nous annonce les catastrophes du monde, au spectacle de la réception, au palais de l'Elysée, du chef de l'église catholique en visite chez nous.
Ce n'est pas, entendons nous bien, le fait que l'on reçoive en grande pompe sous nos ors, un homme qui représente des millions de croyants qui me chagrine : après tout, ça me fait moins mal aux dents que l'accueil des Khadafi et autres El-Assad.
Non, c'est le ton, tout d'onctuosité, des commentateurs-télé de l'évènement, donnant du "très saint père" à tout-va, que l'on imagine agenouillés sur un prie-Dieu, l'oeil rivé sur un moniteur, se signant, se levant, en clercs de cette messe médiatique de nature à choquer -j'espère encore un peu en l'homme- tout catholique non-intégriste attaché aux valeurs dont je parle plus haut, attaché à la "laïcité", quoi.
Je n'étais pas surpris d'apprendre hier, en cours de journée, que le Syndicat des Journalistes de France 2 dénonçait le retard de 15 minutes (plutôt 20 selon moi) du journal de la chaîne pour cause de raout présidentiel-papal.
C'est grâce ou à cause de ce retard que j'ai pu entendre les discours respectifs du président et de son invité : certains commentateurs "avisés" ont fait mine, depuis, de décortiquer les allocutions, nous priant (nous enjoignant plutôt) de noter que le président avait mis de l'eau dans son vin de messe.
Tu parles, Charles (qui était catholique mais républicain avant tout, lui !) : tout en ménageant la chèvre et le chou, la kippa, la burka et l'encensoir, notre hallucinant chef de l'état en remettait une couche sur son nouveau concept qui déchire grave, coco, à savoir la "laïcité positive".
Que je sache, même si de tous temps, depuis, il y eut des "bouffeurs de curé" euh, impénitents, et, parallèlement, des intégristes (en voie de réhabilitation actuellement, d'ailleurs), la loi de 1905 de séparation de l'église et de l'état ne stigmatisait pas le fait religieux, la preuve en étant qu'aujourd'hui-même, dans ce pays, les juifs sont en shabat, les musulmans en ramadan, les catholiques en cérémonies papales et que se déroule la Fête de l'Huma.
Mais non, c'est pas bien, nous dit l'autre : si j'ai bien compris, il faut, avant tout acte politique, demander l'avis des autorités religieuses qui nous ont tellement fait évoluer ces derniers siècles.
Ainsi donc, si cette manière de gérer la République avait sévi lors des travaux sur (en vrac) la loi Veil, sur l'abolition de la peine mort, sur le PACS, sur l'abaissement de l'âge de la majorité sexuelle pour les garçons, sur la loi Neuwirth (la pilule), et la liste est longue, on imagine sans mal les conséquences d'une telle approche sur l'évolution de notre société.
En adoration devant son "modèle américain" qui mêle étroitement jusque sur ses billets de banque (et ça les regarde) l'Etat et Dieu, notre chef de l'état élu démocratiquement, c'est incontestable mais c'est pas une raison pour nous le balancer à chaque connerie, oublie simplement qu'il est Président de la République Française.
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