Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mercredi 10 septembre 2008

Cinecittà, où ça ?


"Ouah, putain, t'es allé à Cinecittà !" me dit-il les yeux écarquillés, contemplant la photo que je publiai hier.
Ben, euh, c'est-à-dire...
Au bout de la ligne A du métro romain, celle qui est toute propre, avec des rames climatisées rutilantes qui font passer celles de la ligne 4 du M° parisien pour des wagons à bestiaux, juste avant le terminus, dans les faubourgs, survivent les studios où le couple Burton-Taylor se formait et se déformait sous l'œil des vautours pendant le tournage rocambolesque de ce "Cleopatre" qui ruina la 20th Century Fox (mais quel film !).
Cinecittà, c'est toute l'histoire du cinéma italien mais aussi une grande part du cinéma mondial, de la fin du muet aux années 80 : on y tourna force peplums (de "La couronne de fer" de Blasetti aux "Maciste" que j'allais voir, enfant, au cinéma Casino à Antibes) et ce qu'on appelait alors les films "à téléphones blancs", bluettes sentimentales où de riches héritières tombaient dans les bras de play-boys à la chevelure calamistrée, bonheurs en trompe-l'oeil de l'Italie de Mussolini, destinés aux foules qui envahissaient les cinémas de quartier les samedi et dimanche pour oublier leurs petites vies et le tumulte d'un monde en plein cataclysme, un peu comme de nos jours on se vide le cerveau (disponible, forcément) à grandes gorgées d'îles de la tentation.
C'est ici que les grands du cinéma transalpin firent leurs premières armes sous le boisseau fasciste, avant de pouvoir s'exprimer "pour de vrai" après que l'Italie, un peu comme la France, se soit réveillée "résistante", enfin libérée des fantoches qu'elle avait tant acclamés.
Le lieu est donc, doit être, forcément magique, malgré l'incendie qui ravagea il y a peu ce qui restait des décors de Ben Hur et ces "saloon" de westerns-spaghetti où l'on pouvait humer encore les parfums de miel des cigarillos de Clint Estwood ou l'Acqua Di Parma de Cary Grant dont j'use moi-même avec modération parce que cette eau miraculeuse coûte aujourd'hui une petite fortune.
Lors de mes deux séjours précédents, malgré une attirance irrépressible, j'avais trouvé le moyen d'éviter la "cité du cinéma", pourquoi, comment, je ne sais pas !?
Mon inconscient me soufflait, je le sais maintenant, que le voyage là-bas serait inutile : ce que j'ai vérifié mardi dernier, l'accès à la Mecque européenne du 7ème art étant interdit au-delà des guérites qui, en miradors, en condamnent tout accès aux curieux.
On m'expliqua aimablement que l'entrée sur le site était réservée aux seuls professionnels, que rien n'avait été prévu, comme c'est le cas à Hollywood où l'on a compris qu'on pouvait faire de l'argent avec ça, pour le touriste cinéphile : pas de "musée", pas de visite des plateaux et des décors ou de ce qu'il en reste.
Il me faudrait revenir pour la "nuit blanche", fin septembre, seule date de l'année où la cité s'anime enfin, retrouvant pour un soir ses fastes d'antan.
Reste le souvenir du générique du "Mépris" de Godard (sans dout le plus beau de l'histoire du cinéma) où la caméra de Raoul Coutard nous regarde, nous, spectateurs enfin acteurs, toisant tout d'abord de son oeil CinémaScope la cité interdite.


NB : Le piètre report sur "dailymotion" de ces images ne fait pas honneur au remarquable travail de Coutard.
Le DVD de StudioCanal est remarquable.
Les fous de cinéma (dont je suis) lui préféreront l'édition américaine chez "Criterion", qui frôle la perfection, restituant l'exceptionnelle photo du grand chef op'.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ce n'est pas de Cinecittà qu'il faut parler aujourd'hui mais de "Siné Hebdo" rhoooo....

amicalement et à bientôt !