Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

vendredi 19 février 2010

Guillon au Dejazet : d'envergure.

Entre le premier spectacle que je vis de lui à L'Européen à l'orée des années 90 et celui qu'il donne actuellement au Théâtre Dejazet (dans le décor des "Enfants du Paradis" de Marcel Carné), la carrière de Stéphane Guillon a connu plus de bas que de hauts ; sans doute parce que l'artiste jamais ne renonçant à cet humour féroce qui, aujourd'hui, enfin, grâce à ses chroniques radio-télé, a enfin trouvé son public.
Je me souviens de ses trois saisons au Caveau de la République où ses sketches se heurtaient alors à des spectateurs décontenancés.
Le Caveau n'avait pas encore effectué sa mue qui permet aujourd'hui à des Gaspard Proust d'obtenir de véritables triomphes.


Au Dejazet, même si Guillon sacrifie au passage obligé de la "revue politique" (il a gardé le meilleur de ses interventions matutinales), il prouve qu'il est avant tout un magnifique comédien.
Car l'homme n'a jamais renoncé à ce qu'il est, à ce qu'il veut.
C'est donc dans les "sketches" que je l'ai préféré, moins surpris que je fus par les "vignettes" en auditeur assidu de ses chroniques du matin sur Inter.
Campant un directeur de prison, un petit être humain demandant un sursis à Dieu avant une mort programmée ou un attaché de presse efféminé accompagnant BHL en Afghanistan entre autres, révélant des pans entiers de son passé à Neuilly (!), Stéphane Guillon démontre toute l'étendue de son registre d'acteur qui devrait, après ce spectacle, trouver enfin sa vraie place au cinéma où ses apparitions n'ont pas, jusque là, laissé un souvenir impérissable.
Entre deux rires, on décèle ses doutes, ses écorchures et (oui) sa tendresse.
A côté du maelstrom des one-man show en mode pipi-caca, où la facilité règne sur le mode "je vous parle de notre petite vie quotidienne", sentiers battus et rebattus depuis l'Egypte ancienne (beaucoup de gags remontant à Toutankhamon) les Guillon (et le Proust en devenir) sont haut, très haut. 

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