Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 12 octobre 2009

La Nuit de l'Audience : un vrai grand moment de théâtre.

Castello di Miramare

Charlotte, l'épouse de Maximilien de Habsbourg reçoit Elisabeth (Sissi), épouse de François-Joseph
Toile exposée au château.

Lorsque je visitais, cet été, le Castello di Miramare, ce somptueux château construit à Grignano, près de Trieste, par Maximilien de Habsbourg qui devint Empereur du Mexique et y connut une fin tragique, je ne pouvais imaginer que débutaient à Paris les répétitions de la pièce "La nuit de l'audience" actuellement à l'affiche du "Petit Montparnasse".

Ne sachant rien de l'argument de l'œuvre de Jean-Claude Idée & Jean des Cars, j'ai découvert que la pièce se déroulait autour d'une rencontre nocturne entre Charlotte, l'impératrice déchue (Frédérique Tirmont, "souveraine" !) et la "princesse Slam Slam", aventurière américaine (sublime Brigitte Fossey) venue révéler un terrible secret à cette femme autrefois puissante et, depuis plus de trente ans, comme réfugiée dans la folie sous la garde d'un médecin (J.Yves Chilot) et d'une suivante (Christine Guerdon) aux ordres de Leopold II, roi des belges et frère de l'ex-impératrice.

La force de cet acte unique, né d'une idée d'un Jean-Louis Vilgrain passionné d'histoire, c'est, justement, que l'intrigue s'appuie sur des évènements où l'histoire de l'empire austro-hongrois se trouve mêlée à celle de la France dont le corps expéditionnaire dépêché par Napoléon-le-petit (le 3, donc !) se solda, au pays des mariachis, par une piteuse déroute.
La grande et la petite histoire, celle des amours déçues, des tromperies, des intrigues de cour, unissent ces deux femmes si différentes que le destin finit par mettre en présence.

Les deux interprètes principales sont de grandes comédiennes, dans la plus pure tradition théâtrale, héritières des Feuillère et autres grandes demoiselles de l'art dramatique.
Frédérique Tirmont, que je n'avais jamais vue sur scène, en est la parfaite illustration en veuve inconsolée, (se) jouant pathétiquement une souveraine en pleine possession de son pouvoir quand elle n'est qu'une exilée de l'intérieur, un miasme.
Brigitte Fossey, en ex-prostituée, fausse femme du monde, princesse elle aussi déchue mais sur un "coup de tête", est son contraire, parfaitement sensée ; mais les deux femmes vont peu à peu s'unir dans une étrange complicité, de celles nées d'avoir subi sans doute le diktat des hommes tout au long d'une vie.

Je dirai tout le bien que je pense de la prestation de Christine Guerdon.
C'est difficile, toujours, quand on a des liens d'amitié avec une artiste, de "juger" ses qualités sur scène.
Ici à mille lieues du personnage qu'elle interprétait dans "Dis à ma fille que je pars en voyage", Christine révèle un tout autre aspect de son talent, pétillante dans le rôle de cette suivante que "la folle" ridiculise en lui faisant revêtir un costume folklorique mexicain : c'est elle qui met la touche d'humour en ponctuations jamais convenues, avec la plus grande justesse.
Et qui m'épate.

Au Petit Montparnasse du mardi au samedi à 19h ; dimanche à 15 h.



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