Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mardi 28 septembre 2010

Automneries

Envie de rien en cette froide soirée de lundi.
Même pas d'allumer le projecteur pour savourer sur grand écran l'un des classiques déjà vus que diffusent Ciné Classic ou TCM, ces deux chaînes où il m'arrive d'errer à la recherche de quelque trésor oublié.
Non; je dîne d'une pizza surgelée que je dégèle au préalable (c'est un minimum) et me laisse envahir par une morne torpeur.
Je me lance alors dans une entreprise d'auto-abrutissement qui consiste à regarder, affalé dans le canapé, une émission de télévision qui, paraît-il, connaît un franc succès.
"Un dîner presque parfait", ça s'appelle.
Je regarde ce machin comme hypnotisé jusqu'à minuit passée, réalisant à quel point il est aisé de se laisser embarquer par les crétineries déversées dans les "cerveaux disponibles" par les médias régnants; ce qui me permet d'évaluer, si besoin était, l'extraordinaire pouvoir de ces machines à déshumaniser.
Sous mes yeux, des candidats passionnés de cuisine se décarcassent pour gagner un titre de champion décerné par quatre illustres chefs étoilés dont, c'est pas rien, Georges Blanc et Jean-François Piège.
Si on se contentait de demander aux concurrents de réaliser un repas de gala, ce serait passionnant pour certains, mais vite lassant, sans doute, pour la majorité des téléspectateurs.
Il faut donc corser la sauce de manière à générer l'audimat qui va reléguer la concurrence en cul de basse-fosse.
Et là, les concepteurs du truc-bidule font preuve d'une imagination délirante : on met les candidats dans les situations les plus abracadabrantes, leur demandant de concocter les meilleurs plats dans le ridicule espace d'un TGV lancé à vitesse optimale, puis, c'est le pompon, dans une nacelle élevée à 50 mètres du sol belge, ballottée par un vent violent et arrosée d'un belle pluie d'automne sous le regard de nos chefs au bord de la nausée.
C'est mal expliqué, mais bon, si j'ai tout compris,c'est la finale puis, à l'heure où je devrais me plonger dans la biographie de Samson François qu'on m'a aimablement confiée, c'est la finale de la finale, attention ça va faire mal !
Et là, sur la terre ferme, cette fois, les deux finalistes de la finale qui est vraiment la fin mais restez encore un peu devant votre écran ça va être une tuerie, doivent faire une tarte sans pâte, et des pâtes sans farine, vous suivez ?
L'un des deux candidats est affligé d'une infirmité du bras apte à émouvoir les chaumières, et ça c'est tout bon; de plus, il se coupe en direct à deux reprises et ça pisse le sang, moins gore tu meurs !
Les gars sont vachement doués et font des tartes pas tartes et des pâtes pas pâtes sous l'oeil extasié des plus grands cordons bleus qu'on ait pu trouver pour venir faire les singes dans la lucarne.
Il y a une morale (ou pas) : c'est pas l'handicapé qui gagne.
Et moi, secouant la tête pour voir si elle est encore pleine, j'en retire que, même si je touchais un quart de ce qu'a reçu François-Marie Banier de c'te pauvre madame Bettencourt, je me vois dans l'impossibilité de mettre les pieds chez Georges Blanc ou chez Piège, vieux rêves longuement caressés pourtant.
C'est pas Gagnaire qui aurait cautionné ça.

La fameuse nacelle : bon appétit !
Revenons un instant sur "l'affaire Bettencourt".
Et vive la télé suisse (TSR) qui diffuse un sujet de ce genre dans son journal.
Si vous voyez ça chez nous (à l'exception de l'excellent "Mon oeil" du samedi),
je vous fais une tarte aux pâtes : clic !

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