Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

samedi 28 juillet 2012

Bonheurs d'un jour

Portes dans le Trastevere, Rome
Il est des petits riens qui vous illuminent une grise journée (à Paris, l'été rebrousse déjà chemin !) :
déguster un cappuccino sur le balcon, à huit heures, Bach à donf sur la platine Thorens, réaliser en vaquant dans l'appartement que la saloperie de ménisque qui vous faisait hurler chaque matin au réveil semble, au moins pour le moment, consentir à signer l'armistice ; se figer, extatique, devant le plan de travail de la cuisine, quand le jeune violoniste voisin, héritier d'un prestigieux chanteur récemment disparu, travaille le célèbre concerto de Mendelssohn, lui arrachant des ressources inespérées, le son de l'instrument résonnant dans la cour devenue cathédrale ; lire un message sur la page facebook du Caveau de la République, émanant de "Priscilla Confiseries" (authentique !) , et lui répondre "êtes-vous de la famille de Vanina Fraisetagada", ce à quoi, la toute charmante vous répond "non pas du tout, connais pas" ; recevoir un message électronique avec des photos du disciple, où ne manque que le chant des cigales, rire des choses graves au téléphone avec un ami, déguster un taboulé en barquette plastique et du hoummous devant la télévision, avoir une soudaine envie d'un séjour à Rome où, comme chaque été, l'île du Trastevere devient l'Isola del Cinema, savoir que, si l'envie vous en prend, l'immeuble étant désert, on peut jouer du piano le soir comme on le fit, en exalté délire, un soir de l'an dernier, passant de Chopin à Cloclo sous l'influence d'un Limoncello coomplice ; constater que les roses trémières du balcon, paresseuses, consentent enfin à éclore et s'en émerveiller ; revoir un copain "d'en bas" inchangé, à savoir plus "d'en bas" que jamais et boire un café avec lui avant l'orage au même endroit, au dessus de la rue enfin assoupie ; aller faire un tour "du côté de chez Swann", en repartir pour se plonger dans une (mauvaise) biographie de Luchino Visconti, y revenir, presque honteux, pour apprendre ce qu'écrire veut dire, émettre pour soi de sages résolutions pour dissiper (espoir vain ?) ces traits de votre caractère qui vous font parfois vous haïr, décider de mettre de l'ordre dans la maison, pour y renoncer dans la minute qui suit, et arriver on ne sait comment, sur l'Internet, au Trastevere qui, décidément, vous aimante, photographié par quelque romain, complice sans le savoir de vos  échappées-belles.
Le soir, au retour du spectacle, renouer avec la tragédie : il n'y a pas de Limoncello dans le réfrigérateur, et, de surcroît, personne avec qui le partager.
Il fallait bien un bémol dans la partition.


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