La tension à son paroxysme : l'une des plus belles scènes de l'histoire du cinéma.
Et tout ça pour un steak ! (?)
Le western (de profundis, à quelques rares renaissances près) fut le genre universel ; pour les profanes ou les détenteurs d'idées reçues, il se limiterait à des courses-poursuite entre indiens et cow-boys dans de beaux paysages.
John Ford fut le maître incontestable du genre, que l'on vit évoluer au fil des films, d'un racisme bon enfant vers la dénonciation du génocide indien : en voilà un qui savait bousculer sa conscience !
Sur 3 spectateurs de ma salle de cinéma préférée (à la maison) l'autre soir, nous étions deux à voir "L'homme qui tua Liberty Valance" (1962) pour la énième fois. Notre plaisir fut de le faire découvrir au troisième larron auquel le film de Ford semblait s'adresser tout particulièrement : l'étudiant en droit ne pouvait qu'être concerné par cette œuvre dont l'un des personnages principaux est avocat et suivra, par un concours de circonstances dramatiques, une carrière politique.
Dans une contrée encore sauvage, pas encore consacrée membre des Etats-Unis d'Amérique (et pour cause !), l'arrivée d'un homme empreint du respect de la loi ("loi, qu'est-ce ?" semblent se demander les autres protagonistes), épris de Justice majuscule, va finir par bouleverser les comportements, mais au terme d'un processus en malentendu qui, s'il lui permet de mettre à bas l'incarnation du mal (ce fameux Valance), n'a rien de... légal.
L'idée même du film, son scénario, ses dialogues, que l'on peut aisément transposer (et retrouver, plus tard, mine de rien) en d'autres genres cinématographiques (ce fut le cas de nombreux "westerns" qu'on eut tort, répété-je, de sous-estimer), sont déjà chefs-d’œuvre en eux-mêmes.
Le traitement, par Ford, de cette adaptation par James Warner Bellah et Willis Goldbeck d'une histoire de Dorothy M. Johnson, en a fait un film de référence : acteurs à leur meilleur, mise en scène d'anthologie de Ford, montage intemporel et admirable photo en noir et blanc de Clothier, lequel, deux ans plus tard, nous offrit les somptueuses images en couleurs fauves des "Cheyennes" du même John Ford.
La discussion qui suivit cette projection, passionnée, suffit à dire à quel point le film suscite commentaires tout en laissant le champ libre à l'interprétation personnelle.
Comme "un Chaplin", "un Kurosawa", ou "un Welles".
Ce n'est pas peu.
De g. à dr., 3 géants : J.Stewart, J.Ford, J.Wayne, sur le tournage.
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