Sean Penn dans "The tree of life" : rien que pour lui, déjà, on y va.
Deux des trois films sur lesquels j'écrivais jeudi avant qu'une flemme incommensurable s'empare de moi et vous prive de cette gazette essentielle ont été couronnés de lauriers à Cannes : Le gamin au vélo a obtenu un Grand Prix, le jury n'ayant pas voulu octroyer une Palme aux frères Dardenne pour la troisième fois, ce qui eût été une première dans l'histoire du festiival ; The tree of life de Terence Malick a décroché la récompense suprême, sanctionnant un cinéaste qui façonne lentement (7 films en 35 ans) une oeuvre cohérente à laquelle on adhère passionnément ou que certains rejettent arguant que Malick truffe ses films de séquences contemplatives qui peuvent effectivement agacer les adeptes d'un cinéma plus musclé, plus vif, plus brut.Je n'en suis pas, à l'exception de ce Nouveau Monde que je n'avais guère apprécié, dont la bande-son utilisait le 23ème Concerto pour piano et orchestre de Mozart à chaque séquence sentimentale ou bucolique, ce qui m'avait prodigieusement agacé.
La seule chose, d'ailleurs, qui me freine un peu dans mon envie de voir The tree of life, c'est cette "Moldau" de Smetana entendue dans la bande-annonce dont je redoute qu'elle soit, ici, servie à haute dose*.
J'en aurai le coeur net bientôt, puisque j'ai l'intention de voir le film palmé aujourd'hui-même.
Le Prix d'Interprétation masculine est revenu à Jean Dujardin dont la carrière connait une progression irrésistible : depuis "Brice de Nice" (un "film" ?) jusqu'à cet "Artiste" qui lui vaut d'être primé aujourd'hui, que de chemin parcouru !
On imagine le travail d'acteur requis pour créer ce nouveau personnage directement inspiré par les gloires du cinéma balbutiant de l'époque du muet.
Bravo !
Vu hier, La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier qui sublime le cinéma "du samedi soir" n'a pas connu le succès qu'il méritait : 700.000 spectateurs pour un film de cet envergure, c'est pitié !
Tout concourait pourtant à faire de cette épopée un triomphe : l'histoire d'abord, adaptée du roman de Madame de La Fayette, au coeur de l'une des périodes les plus sanglantes de l'histoire de France -mais l'histoire de France, il est vrai, par les temps qui courent, on s'en fout !-, qui tourne autour d'une femme somptueuse qui, sans le vouloir, met le feu au coeur de tout homme qui l'approche, incarnée par une Mélanie Thierry incroyable de beauté et d'intelligence, histoire d'amour et de sang, de celles qui, bien adaptées comme ici, vous fait un cinéma spectaculaire et émouvant à la fois.
Derrière la caméra, un homme qui est sans doute, de tous nos cinéastes, celui dont chaque pore de la peau respire l'amour du cinéma, auteur du meilleur bouquin écrit sur le cinéma américain, grand amateur de westerns devant l'éternel (ici, ça se voit à plusieurs reprises), filmeur d'exception quand, avec l'aide d'un chef-opérateur exceptionnel (Bruno de Keyzer), il enchaîne des plans d'une beauté à couper le souffle pendant plus de deux heures qui passent presque trop vite.
De plus, il faut souligner l'exceptionnelle partition musicale de Philippe Sarde, la richesse de ses orchestrations qui mêlent instruments de l'orchestre symphoniques et percussions modernes avec une science qui laisse pantois.
Pour ces 139 minutes de passions, de fureur, on a distribué dans les rôles principaux la jeune garde du cinéma français : si Grégoire Leprince Ringuet a un peu de mal à installer son personnage, il se rattrape vite pour composer un Prince de Montpensier incontestable là où on ne l'attendait certes pas ; d'entrée de jeu, lui, Gaspard Ulliel campe un Duc de Guise que l'on n'oubliera pas : mûri, le beau jeune premier un peu falot des premiers films s'affirme ici en acteur désormais incontournable ; c'est l'année Lambert Wilson, lequel, ici, est tout simplement parfait en Comte de Chabannes que les interminables guerres de religions qui déchirèrent la France ont transformé en "pacifiste", en "sage" qui, lui aussi, tombera éperdument amoureux de la bouleversante Princesse.
On sait depuis longtemps que les grands beaux films ne trouvent pas forcément leur public.
L'injustice est ici flagrante.
Mélanie Thierry : trop belle pour eux !
Grégoire Leprince Ringuet et Gaspard Ulliel
Revu la semaine dernière, un "classique", le Rocco et ses frères de Luchino Visconti illuminé par un Alain Delon en état de grâce et une Annie Girardot qui fait dire "p....., c'est vrai, quelle actrice ce fut !".Après une bonne dizaine de visions, force est de constater que le film n'usurpe pas sa réputation : il est de ceux qui méritent la place qu'ils occupent dans la conscience collective, contenant des scènes gravées à jamais dans notre mémoire cinéphile : d'un spécialiste de la peinture de la grande bourgeoisie comme le fut le Maître dans Le Guépard ou Violence et passion, cette plongée en prolétariat est sidérante de justesse.
Et puis, il y a la musique de Nino Rota, une superbe photo en noir et blanc (malgré un transfert DVD assez médiocre) et l'une des premières apparitions de notre Claudia Cardinale préférée, impeccable.
Indispensable, incontestable.
Alain Delon en "Saint" Rocco : monstre sacré.
Sublime Annie : rédemption impossible.
Touchante Claudia : carrière à suivre...
* Vérification faite, on l'entend, mais utilisée à bon escient : on rentre chez soi, et on la réécoute !
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