On sait que le foot, hein, n'est pas mon sujet de prédilection.
En 1998 pourtant, à Montpellier où, sur la Place de la Comédie, j'avais assisté sur écran géant à la victoire des "bleus", j'ai ressenti, comme beaucoup, le formidable enthousiasme généré par le parcours de la fameuse équipe dite "black-blanc-beur" : j'étais ému par cette (illusoire, hélas !) solidarité qui réunissait dans une même ferveur les français de toute nature, les pauvres, les riches, les "de souche", les "pas de souche", les hétéros, les homos, les artistes, les ouvriers, les intellectuels, les célébrités, les obscurs et sans grade.
Chirac était président et, en cohabitation, Jospin l'austère, faisait son boulot plutôt pas mal.
Le football devenait catalyseur d'une France que l'on croyait apaisée de ses tensions.
Le chemin parcouru depuis a de quoi horrifier.
Chaque fois que je me rends au Caveau, je lis dans le métro à la station Réaumur-Sébastopol une inscription taguée ainsi libellée : "vous trouvez pas que ça pue, en France, en ce moment ?".
Ben oui, tagueur anonyme, ça pue de plus en plus ; au point que ce n'est plus de l'inquiétude qui nous anime, mais un vrai dégoût.
Les idées distillées depuis des décennies par l'extrême-droite ont fini par pénétrer les esprits, trouvant même, ça et là, de "brillants" journalistes-animateurs-showmen, pour les enfoncer dans les cerveaux perméables.
C'est aujourd'hui dans le sport de masse qui se veut le plus fédérateur qu'on les retrouve ; et au plus au niveau.
J'entendais ce matin un commentateur répondre à la question "Laurent Blanc est-il raciste" par une phrase qu'il faudra méditer : "sans doute non, mais il y a un problème d'instruction civique et de culture générale" résumè-je.
C'est un clou que je m'efforce d'enfoncer ici ou ailleurs : le déficit en matière d'Education, au sens le plus noble du terme, a pour conséquence de laisser le champ libre à la bêtise la plus crasse.
On sait que le racisme naît de l'ignorance.
On en a la preuve aujourd'hui, où ceux-là même qui formèrent la dream-team de 98 se déchirent, où un Christophe Dugarry (c'est un joueur) peu connu pour son Q.I dénonce les propos pourtant raisonnés et raisonnables d'un Lilian Thuram qui est l'exemple même du noir loin d'être con.
La montée en puissance (médiatique surtout, rêvons encore un peu) de la fille Le Pen et les tentatives avortées de notre droite déboussolée de s'accrocher à ses basques ont généré dans ce pays ce climat malsain.
Maintenant il faut chaque jour expliquer, démonter les arguments fallacieux, lutter.
Lilan Thuram, quand "on" gagnait.
Trop de "blacks" ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire