Kit Carson, Hopalong Cassidy, Tex Tone, Roy Rogers, héros d'un Ouest à bon marché, personnages de ces comics qu'on s'échangeait à la récré, firent vibrer les mômes de tous les continents en des temps reculés.
En ce temps-là (en vérité je vous le dis, croissez et multipliez, tout ça…), point de "fuck" et autres "shit" pour illustrer le dépit ou la colère : quand tout allait de travers, le héros se fendait d'un "damned !" dont on savait qu'il signifiait "enfer et damnation !" et on tremblait pour lui.
Mais, plus que de ces planches imprimées sur un papier de mauvaise qualité, moi, ce qui me plaisait c'étaient les romans ou les films de "cape et d'épée ".
Quand –c'était fort rare "en bas"- une après-midi pluvieuse me confinait dans ma chambre, je me délectais des aventures de Pardaillan, de celles du Capitan, du "Bossu", ou des ces "Trois mousquetaires" dont j'ai revu récemment l'adaptation cinématographique made in Hollywood où un Gene Kelly virevoltant incarne ce cher d'Artagnan, pauvre hobereau de Gascogne venu chercher gloire et fortune à la cour du roi Louis XIII, aujourd'hui dénommé "X3".
D'Artagnan (Gene Kelly) et la super méchante Milady (Lana Turner)
Dans les films de cape et d'épée, toutes les trois minutes trente deux secondes il y a un combat à la rapière : le héros, toujours un fin bretteur, doit lutter contre des méchants qui ont tellement la trouille qu'ils s'y mettent à trente pour tenter de l'occire sur ordre, ici, du très vilain Cardinal de Richelieu –quel salaud, celui-là !- qui a vraiment –pardonnez-moi excellence, une tête de con, un mec hyper fourbe dont on se demande pourquoi Louis l'a laissé gouverner le pays, d'autant qu'apparemment, les deux pouvaient pas se saquer : on le sait maintenant parce que Alexandre Dumas a tout balancé.
Dans les films de cape et d'épée, le héros est toujours amoureux d'une très belle femme, blonde de préférence comme l'est ici Lana Turner qui fait turner (comme dit Johnny) la tête de tout mâle ayant à l'approcher.
Dans le film de Georges Sidney (qui réalisa entre autres "Tu seras un homme mon fils", histoire bidonnante d'un pianiste atteint d'un cancer), d'Artagnan, vachement en avance sur son temps, est amoureux de deux nanas, la s….e jouée par la Lana, et, mais moins quand même, la gentille Constance qui -c'est con, y'a pas de morale- ne vivra pas jusqu'au mot "fin".
Pour adapter ce célèbre fleuron de notre patrimoine littéraire en 1948, les ricains n'y sont pas allés de main morte, avec toute la naïveté dont ils savent faire preuve quand ils veulent évoquer notre doux pays de Cocagne : ici, tout de même, point d'accordéon pour bien montrer qu'on est en France ; non, pour la bande "originale", on a fait appel à un spécialiste, un nommé Tchaikovski !
C'est son Ouverture de Roméo et Juliette qui illustre, mise à toutes les sauces, les scènes d'amour.
Pour le reste, à savoir les séquences d'action, ils ont arrangé "Le pont d'Avignon" et même "La casquette du père Bugeaud", si !
Quand on est marmot on fait pas gaffe, mais là, hier, ça m'a fait drôlement rigoler.
Mais ce sont ces naïvetés, ces (beaux) décors de carton-pâte de la MGM, cette envie joyeuse de faire un film "plaisant", toute cette énergie mise en œuvre (le grand Gene Kelly ayant lui-même réglé les combats et duels comme on règle une chorégraphie), la splendeur du Technicolor (dans un DVD digne d'un Blu-ray !), qui font de ce beau spectacle un condensé de bonheurs.
Gene Kelly
L'affiche originale.
Des fois qu'on les reconnaisse pas "en costumes", les distributeurs ont collé des photos des principaux acteurs "en civil".
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