Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 10 septembre 2012

Cruautés ordinaires


J'ai deux amours par TiboBlanchet

Paris est la ville la plus visitée au monde. Un récent reportage d'Envoyé Spécial (France 2) démontrait pourtant combien la ville-lumière recèle de pièges de toutes sortes tendus au pauvre touriste désireux d'y être émerveillé. Rentrant de Rome, jeudi dernier, je fus envahi, dès que je mis le pied sur le trottoir de l'aéroport, par le sentiment de contraste qui sépare les deux capitales, à commencer par le comportement du chauffeur du bus qui relie Orly à Denfert, maudissant ces salauds de touristes qui ont le culot de venir dépenser leur fric chez nous : l'homme pestait contre ces étrangers qui n'avaient pas pu (ou su ?) prendre un ticket au distributeur et, de surcroît, ne "faisaient pas l'appoint". En résultait un retard important ayant lui-même pour conséquence la transformation du véhicule en wagon à bestiaux.
Quand je lui demandai, depuis le bitume, et très civilement, quand surviendrait la prochaine navette -pour me permettre d'en informer une canadienne quelque peu déboussolée-, l'homme me répondit : "dans pas longtemps".
L'accueil "français" (car paris n'en a pas l'apanage : j'en sais quelque chose, j'ai habité la Côte d'Azur !), est désormais célèbre de par le monde. Si vous avez bien regardé les premières secondes de ce joli clip, tout est dit.

J'en parlais ces jours-ci à deux reprises avec deux amis : le climat qui règne sous nos cieux actuellement -et la crise, plus prégnante cette année, n'y est certes pas pour rien- est franchement détestable. L'impression que les gens se détestent est permanente. Il suffit pour s'en rendre compte d'écouter les conversations -le plus souvent tonitruantes, sans aucune gêne d'exhiber l'intime- des gens accrochés à leur téléphone portatif. A cet ami qui en faisait la remarque l'autre jour, je répondis, indulgent, qu'il exagérait quelque peu. Las, le lendemain même, à l'aéroport, j'eus pour voisine, une femme entre deux âges qui, à son interlocuteur du bout des ondes, parlait sans aménité d'un "connard" qu'elle avait "jarté", en dressant un portrait apocalyptique.
Cette agressivité qui nimbe notre quotidien national est devenue insupportable, générant un climat permanent de guerre civile larvée, que la politique (le mot perdant son sens premier au gré du temps qui passe) la mieux intentionnée est impuissante à apaiser, les média n'ayant de cesse de verser de l'huile sur le feu.

La comparaison avec l'Italie n'est pas en notre faveur, ce pays étant bien plus que la France touché par cette crise profonde : la générosité des "aperitivi" avec buffet à satiété, la politesse (sauf au Carrefour-Express, ai-je noté, mais c'est une enseigne... française !), les prix raisonnés, les serviettes en tissu dans la moindre gargote, la ci-vi-li-té, quoi, la considération que l'on a pour l'autre en ayant la patience de lui indiquer son chemin, faisant des efforts pour décrypter son italien malhabile, sont autant de marques de respect qui font défaut à notre environnement national.
Et l'on me demande pourquoi je vais si souvent en Italie ?

1 commentaire:

Véro a dit…

tout fout le camp mon bon Sylvian !!
Et bravo à Julian , j'adorerais avoir encore son âge et foutre le camp moi aussi ;)