Mon Dieu !
Alors que se préparent les transhumances estivales, au moment où Bison futé s'apprête à prononcer l'oracle, voilà qu'on nous annonce que la chaleur ne sera pas au rendez-vous. Point de canicule en juillet, de marches épuisantes sous d'accablants rayons, de sommeil introuvable, toutes fenêtres ouvertes aux hurlements des oiseaux de nuit avinés qui peuplent nos quartiers, de wagons empuantis de la sueur des négligents, de pics de pollution qui tuent à petit feu...
23, 25 degrés tout au plus, et je m'en plaindrais, au moment où je dois rejoindre la grande ville du nord de l’Italie, habituellement torride en cette période ?
J'ai, avec Milan, un rapport étrange, depuis certaines escapades, depuis Antibes, en belle compagnie, il y a bien longtemps : nous n'en connaissions que le Duomo et un hôtel miteux décrété palace en nos vingt ans où nous étions en quête d'un ailleurs pour donner libre cours à nos rapprochements.
J'y retournai par la suite en des circonstances telles que jamais je n'explorai la "ville-ennemie" d'une Rome que j'aime tant, raison suffisante pour que je n'éprouve le besoin d'y séjourner.
Il y a peu, j'y fus en transit avant de rejoindre le lac de Come, assommé par la chaleur dès la sortie de l'aéroport, bus et train régional sans "clim" pour parvenir à destination.
Mais je m'illusionnais à l'instant : les températures agréables, je les laisserai à Paris, puisque 30 degrés à l'ombre m'attendent sournoisement dimanche où je comptais mettre mon bagage en consigne et tenter de faire la paix avec la grande ville du nord.
Je foncerai donc, sitôt arrivé, vers Stresa et les rives d'un autre lac, Majeur cette fois.
Je partage avec un ami proche, la constatation que Stendhal m'est devenu quasiment illisible. Le seul point commun entre Monsieur Beyle et moi, c'est l'amour de l'Italie, ce qui n'est pas rien, me direz-vous.
Inconsciemment -je le jure !- je suis sur ses traces depuis quelques années et sur celles, en fin de compte, des sommités culturelles du dix-neuvième siècle. Deux siècles déjà, comme le temps passe ! A Bellagio, sur le lac de Come, j'ai respiré le même air, dorénavant un peu plus vicié, que l'auteur de La chartreuse de Parme ou d'un Franz Liszt qui séjourna en villa lacustre lors de ses années de pèlerinage. J'avais auparavant humé les senteurs de la Villa d'Este à Tivoli, près Rome, qui inspira le pianiste et compositeur hongrois pour l'une de ses plus belles pages.
Venise, où il fit bien chaud l'été dernier, reste le carrefour de toutes les cultures que j'aime.
Et voici que la Sérénissime m'appelle à nouveau : le Théâtre "La Fenice", lieu sublime s'il en est, a, cet été, décidé de rester ouvert, avec une fort belle programmation, dont, le 15 juillet, une représentation de "L'élixir d'amour", le bel opéra de Donizetti.
Je réfléchis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire