Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

vendredi 12 décembre 2008

Signaux

Hier, graves dysfonctionnements sur la ligne 4 du métro dûs à une panne de signalisation.
A Strasbourg Saint Denis, la station qui est mon point de chute quand je joue au "Caveau", les quais sont noirs de monde vers six heures moins le quart de l'aprés-midi, heure dite "de pointe".
Les rames se succèdent au ralenti, bondées.
Je me surprends à réprimer un fou-rire, apercevant un voyageur au look improbable, le nez littéralement écrasé contre la vitre.
L'image est hautement burlesque, me faisant regretter de ne pas avoir mon appareil-photo sur moi en permanence.
Les cheveux du voyageur sont noir-jais, en une coupe années 70 très "Martin Circus" à moustache ; le nez proéminent et épaté trouve à s'épanouir un peu plus sur la vitre de la portière.
Voilà donc la photo qu'il fallait faire absolument, que j'ai en mémoire mais ne peux partager.

J'ai avec moi, hier, le Modiano que je dévore (Pedigree) ces heures-ci.
D'ordinaire, mon baladeur distille des musiques obligatoirement sans paroles pour accompagner mes lectures.
Las, mon petit juke-box personnel est à la recharge chez moi et je dois subir les bips forcément synthétiques de mon voisin qui découvre les fonctionnalités de son téléphone tout neuf.
Je réprime ces envies de meurtre qui feraient de moi un parisien tout à fait ordinaire.
De même, lorsque je fais demi-tour pour tenir la porte à une minette encombrée de Dolce & Gabbana qui ne juge pas utile de dire "merci".
Je suis en retard, "à la bourre" j'aime à dire, et me hâte lentement comme toujours.

Le soir, pour retourner au théâtre, leurs "signalisations" sont toujours défaillantes.
Ils n'ont sans doute pas retrouvé le bon tournevis cruciforme pensai-je.
Et le panneau lumineux annonce la prochaine rame dans 8 minutes, ce qui me ferait arriver vraiment "à la bourre" cette fois.

Je mets un point d'honneur à vivre Paris, luxe suprême, en provincial si ce n'est en provençal.
Eviter le fameux stress panaméen* est une préoccupation parfois... stressante.
Je ne sais quelle baraka m'accompagne à chaque instant, laquelle me permet, malgré mes lenteurs, d'être toujours à l'heure à mes rendez-vous, voire en avance ; ce qui est très contrariant quand tout parisien qui se respecte est, lui, toujours en retard.
Avec ou sans panne de signalisation sur le réseau du métropolitain.


*De Paname.

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